en soit, c'est limite un caprice d'auteur.

Paris qui s’éveille doucement, c’est le moment que t’as choisi pour te rendre chez ton principal fournisseur. Les rayons du soleil qui essayent avec difficulté de passer par dessus les immeubles, au volant de cette voiture prise en leasing, t’es le genre d’hommes à se lasser bien vite du jouer qu’il a entre les mains, tu parcoures chaque avenue avec une adresse certaine avant d’arriver sur le lieu de ta destination préférée. Des épaisses lunettes posées sur l’arête de ton nez, tu sors tel un prince, oubliant bien évidemment les règles d’usage de la route, puisque t’as décidé de te poser précisément sur la zone de livraison de ce magasin et de ceux aux alentours. Au diable de devoir payer l’horodateur même si tu t’en tireras avec une amende. Tu lèves les épaules vers le ciel avant d’entrer dans le magasin.
« Et bien le bonjour. » Que tu annonces les mains tendues vers le ciel, un sourire dévoilant la blancheur parfaite mais artificielle de ta dentition. Il n’y a pas de mal à prendre soin de soit, c’est ton père qui t’a apprit ça et c’est bien l’un des seuls conseils que tu as retenu de lui. « Qu’est ce que j’aime venir ici. » Comme un enfant qui descend les escaliers au matin de Noël, t'es excité à l'idée de voir tes nouveaux jouets. Tu retires tes lunettes, tu humes l’odeur des lieux avec plaisir avant de faire claquer ta langue sur ton palais. « Il paraît que les ventes de cet objet. » Doigt qui se pointe vers la direction de deux jolies petites boules sagement posées dans un écrin bien douillé. « Ont fait fureur après la sortie de « The Ultimate Trip. » » Le torse qui se bombe, la fierté d’une des productions de Belkin Porn. Ton regard qui traverse les étagères avec attention, tu t’approches doucement du comptoir où un jeune homme y semble accoudé. « Alors, t’as quoi de nouveau à me proposer ? » Business is business et même si le catalogue des commerciaux ressemble à l’antichambre du Diable plus qu’à une sélection de boîte de sauce tomate bon marché, tu prends ton rôle avec tellement de sérieux.  

Des personnes étranges, Dimitri en avait vu des tas. Pas étonnant non plus qu’il fasse partie du lot mais des gars comme le Belkin il n’y en avait pas deux (ou peut-être que si paraissait même qu’il avait un frère). Quand la porte s’ouvrit il ne fut même pas surpris. Dimitri voyait de drôles d’oiseaux régulièrement et le Prince de Belkin ne faisait pas exception.  Il releva à peine les yeux de son magazine people, accoudé sur le comptoir au fond du magasin. L’homme traversa l’allée des sex-toys avant de rejoindre l’étalage des petites culottes. Alors qu’il pointait un objet du doigt, Dimitri se remit à feuilleter son magazine sans un mot. Il avait l’habitude qu’il se vante, qu’il parade. Bientôt il le rejoindrait face au comptoir pour parler affaire et… Dimitri releva les yeux et sursauta. Il ne venait pas si vite d’habitude, préférant louer ses propres louanges, laissant même le blond penser que cet homme pouvait se masturber sur ses propres photos. P’tain j’ai eu peur. Il glissa ses doigts dans ses cheveux et soupira, ferma le magazine et le poussa sur le côté. Et bien, heu… On a reçu des triples dildo vibrant. Trois tailles différentes. Il se gratta le bas de ses cheveux en réfléchissant. Ou des nouveaux costumes. Il le désigna du menton. T’cherches quoi ? Un truc en particulier ?  

« Hum, éventuellement ça pourrait être intéressant. » Que tu lâches sans grandes convictions d’ailleurs. C’est pas comme-ci t’avais déjà utiliser ce qu’il te propose pour l’une de tes superproductions pornographiques, la moue qui se dessine sur tes lèvres, les coudes qui se posent sur le comptoir, tu prends appuie avant de t’approcher un peu plus du vendeur. « Il me faut de la nouveauté, quelque chose qu’on a jamais vu encore, qui pourrait faire sensation. » Le nez qui remonte légèrement, la mine pensive, un dernier coup d’œil en direction du magasin complètement vide, autant dire que l’heure matinale à laquelle tu es venu te pointer n’arrange pas les choses.
D’un léger silence qui s’installe dans ce local, sourcils qui se froncent, le regard en direction de ta superbe Rolex, cadeau de toi à toi-même d’ailleurs. Il te faut peu de temps avant qu’une idée n’émerge, qu’elle s’empare de ton cerveau. « Combien tu te fais par mois ? » Sans ménagement aucun, sans gêne aucune aussi. Sujet de discussion favori : l’argent et les bénéfices que tu peux tirer de tes placements, qu’ils soient malveillants ou non d’ailleurs. « T’as plutôt une belle gueule et je parle en connaissance de cause. » Clin d’œil, l’air hautain et bien trop sûr de lui. D’un petit demi-tours, l’attention qui enfin se porte si sa silhouette que tu étudies avec une minutie certaine. « Ça te dirai de visiter nos locaux ? » Après tout, ce magasin est bien le fournisseur officiel de Belkin Porn Industry.