/!\ Si vous n'êtes pas un peu perché, vous n'aurez jamais une jolie vue ! / Valri

Dimitri, de sa plus belle chemise à moitié ouverte dévorait des yeux la jolie blonde qu’il avait en face de lui. Viviane ? Béatrice ? Oh peu importait son nom il l’aurait déjà oublié son existence demain matin. Il n’écoutait absolument pas ce qu’elle pouvait bien dire. La conversation avait commencé par ses histoires avec un lapin au Pérou et après avoir compris qu’elle ne racontait pas une blague le trentenaire avait décroché. Observant ses lèvres, il étira un petit sourire fin se montrant outrageusement intéressé par ce qui pouvait bien sortir de sa bouche mais ce qui l'intéressait le plus c’était ce qui pouvait y entrer. Il l’avait rencontré sur Tinder lui avait donné rendez vous dans ce bar où il était déjà venu plus d’une fois. Il connaissait le barman mais n’avait prêté attention qu’aux yeux doux de Caroline… Non. Samantha ? Après une bonne dizaine de minutes à faire son monologue lorsqu’elle reprit sa respiration il profita de cet instant pour se lever et aller se chercher à boire. Canon mais saoulante. Il ne fit que deux pas et une fois au comptoir, relevant la tête vers le barman il vit en face cette sale petite gueule : Valère. Dimitri serra la mâchoire puis étira un petit sourire de “hey toi ici” en penchant la tête sur le côté. Faussement heureux de le voir, Valère l’avait plaqué la semaine précédente pour la couleur des chaussures qu’il portait. Énième histoire à la con dont Dimitri se serait bien passé.
Une fois son verre face à lui, il paya en sans contact puis l’espace d’une seconde il se demanda s’il devait rejoindre la belle blonde ou voir ce sale connard. Il hésita, tournant la tête vers la nana qui attendait sagement sur son téléphone et qui lui prendrait probablement le crâne pour ses histoires de pingouin en sud Afrique. Il fit le tour du comptoir et se dirigea vers Valère. Très mauvaise idée mais pourtant tel un aimant il rejoignit son ex petit ami. Qu’est ce que tu fais là ? T’as pas des gens à aller emmerder ailleurs ? Il porta le verre de mojito à ses lèvres et en bu une gorgée. Redressant la tête il jeta un regard vers la blondasse avant de poser de nouveau ses yeux sur la pâle copie aminci d’Indiana Jones.

A peine était-il arrivé près de lui que déjà il avait compris l’énorme bêtise qu’il venait de faire. Il était inlassablement attiré par lui comme ces gros bâtards de papillons de nuit qui à la moindre occasion s'immiscent dans les chambres et les cuisines. Roulement oculaire, Dimitri se mordit la lèvre, se maudissant intérieurement d’être venu si proche de lui et de sentir son parfum et de voir ses lèvres bouger. Il le détestait au plus haut point. J’prends rien de toi, Valèèèère. Siffla-t-il comme il le faisait à chaque fois que son ex l’énervait avec ce “ère” traînant voire presque vomitif. Il avala une autre gorgée de sa boisson favorite pour vite se changer les idées et oublier la présence d’un espion dans les parages. Il baissa légèrement les yeux alors que son ex se penchait vers lui comme sur le ton de la confidence. A quoi fallait-il s’attendre ? Valère critiquait encore quelqu’un et surtout lui. Lentement il roula de nouveau des yeux. Il avait le don de le saouler plus vite que l’alcool. Il recula légèrement la tête, observa Valère de haut en bas avant de souffler : Toi tu ressembles à un SM bien trop serré dans son petit pantalon en cuir. Il se pencha légèrement imitant Livingstone. Ca te fait un gros cul. Il pencha de nouveau la tête sur le côté avec ce petit sourire pincé comme pour dire “bah ouais”. T’es un Indiana Jones qu’on pourrait faxer. Valère était loin d’être très épais, loin d’être maigrichon aussi mais assez pour que dans l’esprit de Dimitri il puisse passer comme une feuille dans une photocopieuse.

Si y avait bien une expression qui caractérisait Dimitri en présence de Valère c’était bien ce haussement de sourcil et les yeux qui roulaient vers le haut. Entre eux un véritable jeu de ping pong à qui savait mieux lancer la plus grosse vacherie à l’autre. Ton cul est énorme dans ce sac poubelle, Valère. Tout le monde le regarde. Il détourna le regard vers la vitrine du bar où s’amoncellaient plusieurs fumeurs ici et là, un verre à la main. D’une clope, il en aurait bien besoin d’une. Ils étaient resté proche comme s’il était nécessaire qu’ils soient collé l’un à l’autre alors que tout poussait Dimitri à laisser son ex de côté. Il n’avait pas besoin de lui dans sa vie il pouvait aller de l’avant avec cette jolie blonde toujours assise au fond du bar à regarder son téléphone. Dimitri tourna la tête vers son ex et haussant les épaules il s’accouda au bar. Bah oui tu m’as tellement saoulé avec les quatre films que j’ai fini par les voir. Comme quoi même après leurs multiples ruptures, Valère avait encore une place importante dans sa vie. Il prit une autre gorgée avant d’étirer malgré lui un sourire. Il le réprima aussitôt en détournant le regard. Ah ouais ? bah heu… moi non aussi que toi. Il se redressa comme pour se donner une allure plus forte. Il s’était promis que c’était la dernière fois… les huit dernières fois avec Valère. Sa phrase ne voulait absolument rien dire et son comportement non plus. Il avait des frissons sur les bras comme à chaque fois que leur peaux se frôlaient. Il avala une gorgée plus forte et manqua de s’étouffer. Posant son verre il toussa contre le dos de sa main avant de relever une tête rougies. C’était comme s’il avait -presque- repris ses esprits. Quoi tu me dis ça pour me jeter encore dans une semaine parce que la Terre n’est pas plate ? Ou tu dis ça juste parce que je suis en date et que tu n'es pas le centre de l'attention ?

Haussement de sourcil, Valère et son chapeau c’était ridicule. Autant il était sexy autant pour le coup, son côté geek ne plaisait pas à Dimitri. Le besoin de se détacher sûrement. Parce que sa “pop culture” qu’il sortait à tout bout de champ avait maintenant tendance à l’énerver quant à l’époque il buvait ses paroles. Pas besoin de toi pour ma culture, répondit-il en levant le nez. Puis il eut ce moment qui lui fit perdre de sa superbe. Son visage avait littéralement changé d’expression, perdant même ses mots. Une vraie bourrasque dans la discussion qui avait changé de direction comme toujours avec lui. Dimitri n’avait même pas su répondre, mélangeant les mots et ses pensées. Verre posé sur le comptoir il avait eu finalement l’esprit de demander si c’était pour faire foirer son rendez vous ou non. Les différentes raisons qui poussaient l’un ou l’autre à se quitter n’avaient pas toutes été écoulé. Il en restait un tas à sortir dans les yeux de l’ex. Je ne suis plus sûr de rien avec toi. Il plissa les yeux comme pour voir dans son esprit mais c’était chose impossible vu monsieur le petit malin qu’il avait en face de lui. C’était peut-être une ruse tout ça pour lui faire payer je-ne-sais-quoi. Dimitri roula des yeux. Et voilà, la fuite. Il attrapa son verre et le suivi du regard. Ca n’a pas changé, ça ! Il continua de le regarder jusqu’à ce que la porte se claque derrière lui et le trentenaire roula de nouveau des yeux. Quel gamin, souffla-t-il. D’un regard il observa la blonde qui n’avait toujours pas bougé et qui cette fois commençait à s’impatienter, relevant la tête pour tenter de le voir. Elle était mignonne, un peu trop bavarde et malheureusement n’avait rien à envier à son ex. Il aurait pu passer une bonne soirée avec elle, l’embrasser et l’oublier le lendemain mais non… Le blond soupira avant de boire l’entièreté de sa boisson et posa le second verre sur le comptoir avant de se diriger vers la porte. Quel con…
Il la laissa claquer derrière lui. Un regard à gauche. Pas de Valère. Puis un regard à droite. Il était là. Dimitri fouilla dans sa poche arrière et sortit son paquet de clope à moitié écrasé (comme toujours) et se dirigea vers l'indiana Jones maigrichon. Il était bien le seul habillé en cuir. Se rapprochant il le désigna du menton. Tu pourrais faire fureur au Texas… ou à un Comicon, un truc du genre. Tête penchée, il alluma sa clope avant de relever le menton. Pourquoi t’es v’nu comme ça ? Y a pas d’soirée à thème. Tu t’es chauffé tout seul ? Il aspira la fumée avant de la souffler par le nez. Lentement il lui attrapa le bras et l'entraîna quelques mètres plus loin, se mettant face à lui, le bloquant contre le mur. A quoi tu joues, ce soir ? Tu m’as jeté y a une semaine même pas.

La petite brise raviva les sens de Dimitri déjà bien à fleur de peau. Valère avait le don de le mettre dans tous ses états même quand il feignait l’indifférence. Il se sentait comme une pile électrique quand il était proche de lui. Le blond secoua la tête. J’ai pas dit que j’aimais. Il appréciait grandement la vue mais le lui dire aurait été trop simple, il préférait se la jouer détaché. Ce pantalon moulait bien ses hanches et ses fesses et… il préféra ne plus y penser, il avait une nana à combler ce soir et nul doute que ce serait Valère qui occuperait ses pensées. C’est pas le feu, Valère. Il aimait qu’il puisse suivre ses idées et aller au bout sans jamais se dire que c’était peut-être ridicule. Il avait toujours aimé ça chez lui et bordel… Il secoua la tête d’un air naturel mais qui avait surtout pour but de ranger ses idées. Son ex avait tendance à l’embrouiller et c’était peut-être pour ça qu’il retombait dans le panneau à chaque fois. D’un mouvement, Dimitri emmena Valère un peu plus loin et le mit face à ses propres interrogations. Qu’est ce qu’il foutait là ? Et pourquoi ce soir ? Maintenant ? Nan tu m’as rien dis ! Ou alors encore une fois pour Dimitri c’était pas bien clair. Qu’est ce qui t’a arraché la gueule ? De m’avoir jeté ? Froncement de sourcils et index pointé vers lui, le blond commençait à s’agiter. Ne change pas de sujet. Evelyne ou Jessica n’a rien à foutre dans nos histoires. Bien sûr qu’elle était dans cette histoire mais le blondinet refusait de voir la réalité en face il était de nouveau dans le piège de l’ex qui lui manque. Pourquoi tu me dis que je te manque alors que tu sais que j’ai un date ? Il aspira sur sa clope dans un geste trahissant sa nervosité et son mécontentement. Rapidement il croisa les bras, agitant la jambe et soufflant la fumée par le nez. C’est quoi le problème ? T’es jaloux que je serre de la petite blonde maintenant ? Ou c’est parce que t’es pas au centre de l’attention et c’est pour ça que t’es venu fringué comme le mec dans Uncharted ?

Froncement de sourcil et yeux plissés, non il ne le regardait pas pour ses habits mais le jugeait pour ça. Il n’avait d’yeux que pour Valère quand il était dans la pièce. C’était immanquable. Dès que Valère était là, Dimitri était complètement tourné vers lui sans même s’en rendre compte. Le blond tourna la tête vers les regards intrigués des autres fumeurs avant de reporter son attention vers le brun. Il secoua la tête.
Non je suis pas bouché. C’est juste que tu me sors ça venu d’une autre galaxie comme ton Star truc que tu m’as fait voir. Il aspira une bouffée avant de reprendre, retenant sa respiration quelques secondes : Ca m’a surpris c’tout. Long souffle de fumée blanche qui s’échappa dans l’air. Ouais et alors ? Qu’est ce que ça peut te faire si j’connais pas le nom de cette nana ? Ca t’regarde pas t’façon. Il releva le nez comme un gamin prit en faute. Bras croisés contre son torse, main qui tenait sa cigarette en l’air, Dimitri n’allait pas répondre à cette accusation malhonnête (bien que complètement justifiée). Il entrouvrit les lèvres et le fusilla du regard bien que cette remarque lui fit du bien à son petit cœur de romantique quand il s'agissait de Valère. Ouais bah tant pis pour toi. T’avais qu’à pas me jeter comme une chaussette. Nouvelle aspiration de fumée avant qu’il ne secoue la tête. J’baiserai la blondasse que tu le veuilles ou non. Il posa son regard dans le sien. La seule chose qu’il avait envie c’était de se retrouver seulement avec Valère, voilà pourquoi après avoir dit ça il ne bougea pas et se pencha même légèrement vers lui. Il marmonna : Tu me saoules avec tes désirs de girouettes !

Malgré la dispute en approche, Dimitri ne bougea pas. C’était bien plus intéressant d’être avec son ex qu’avec la blonde qui devait maintenant se dire qu’il lui avait fait un mauvais plan et s’était barré sans un mot. Le blond secoua la tête. Non y a que toi que ça ne surprend pas. Personne ne comprend pourquoi on se remet ensemble pour que ça se finisse trois jours plus tard pour une raison encore plus con que la précédente. Dimitri se rendait bien compte que cette relation c’était du grand n’importe quoi mais il avait toujours ce besoin viscéral de revenir à lui comme un drone à son propriétaire. Rien n’avait jamais de sens quand il s’agissait de ce qu’il pouvait ressentir pour lui. Une sorte de colère et d’envie qui rendait le tout complètement explosif. Quand il se redressa, Dimitri ne bougea pas, n’envoyant à son ex qu’un regard de défi. Ses yeux ne le quittèrent pas et cette proximité -bien qu’excitante- montrait à quel point ils aimaient jouer avec le feu. Une fraction de seconde son regard se posa sur ses lèvres fines qu’il connaissait si bien. Tout n’était qu’un appel à l’embrasser. Il eut des frissons en sentant son souffle contre son oreille et malgré lui il dû serrer la mâchoire pour refouler un gémissement d’excitation. Puis sa cuisse entre ses jambes fit réveiller le monstre sous la braguette. Je penserai sûrement pas à toi. Bien sûr qu’il allait penser à Valère et même pendant. C’était souvent le cas quand il couchait avec quelqu’un qui n’était pas son ex et il ne se l’expliquait pas.
Dimitri s’apprêtait à sortir une vacherie quand la porte du bar s’ouvrit et laissa passer la tête blonde, prête à partir du bar pour ne plus jamais revoir le blond. Entrouvrant les lèvres il aurait pu lui attraper le bras, elle qui était de dos, et lui faire remarquer sa présence mais il n’en fit rien. La proximité de son ex était bien plus alléchante et les papillons dans son ventre soulignèrent ce besoin de rester coller à lui. Naturellement c’était la faute de Valère, hein ? Il tourna la tête vers lui quand la blonde était déjà au bout de la rue. Voilà. T’as vu ce que t’as fait ? C’est à cause de toi si je dois rentrer seul ce soir ! Parce que Dimitri avait horreur de rentrer et dormir seul depuis toujours. Il aimait être désiré, remarqué et surtout cajolé.