je t'aime bien, mais tu ne m'es pas indispensable

Faut toujours que tu sois sur le point d'abandonner pour qu'il cède du terrain, vient t'agripper avec ses mains, te ramènes plus près. Ton front qu'il vient embrasser, comme si les pièces détachées de toi, s'y recollerait. Un long soupir tremblant que ta poitrine vire, dont elle se vide. Ajoute qu'il ne se donnera pas à toi tant qu'Andy te fréquentera. Un autre baiser qui aide un peu à se recoller. Sur ton front, alors que c'est ses lèvres que tu cr(ê)ves d'embrasser. Sa salle de montage à lui que t'aspires à visiter, même si c'est loin d'être gagné.

« Alors considères que c'est déjà chose faite... » Que t'as le temps de souffler juste avant qu'il vienne te lâcher, vos burgers froids auquel il revient s'intéresser. « Mais clairement oui, c'est fait pour ça. » Que tu déclares avant de reprendre les deux assiettes pour qu'au micro-ondes, tour à tour, tu les fasses passer. « Tu me serres un verre ? » Que tu lui proposes en attendant que l'appareille vienne tinter, les assiettes chaudes qu'avec un torchon, sur le compter tu viens ramener. Que vous repreniez là où vous vous étiez abandonnés pour mieux vous engueuler. Et tu sais même pas si y'a un truc qui à changé ou si c'est les même vieilles bonne habitudes, la chasse sauvage qui doit recommencer, même si t'es fatiguée. T'attrapes une frite sur laquelle tu vas souffler. Ta main qui hésite avec sa constante envie de le cajoler.  « Est-ce qu'au moins j'ai le droit de te toucher ? » Que tu demandes, savoir jusqu'où va sa cruauté dans ce pacte muet que t'as accepté.

Elle réclame un verre et honnêtement, toi aussi tu en as bien besoin, alors tu acquiesce et tu t'exécute sans broncher, elle s'affaire à réchauffer les assiettes. Liquide aussi clair que de l'eau de source vient remplir vos deux verres, tu empoignes le tien, l'observe alors qu'elle ramène la nourriture chaude, porte le contenant à tes lèvres et en prends une gorgée. Est-ce qu'au moins j'ai le droit de te toucher ? tu la regarde en biais, verre toujours levé au niveau de tes lippes, esquisse d'un sourire qui les étire, la remarque t'amuse autant qu'elle t'agace, un peu. Arlie est un putain de paradoxe et en fait naître une tripotée dans ton esprit sans que tu ne puisses l'expliquer et bien que ça te pique, t'aimes ça. Tu dois être un peu masochiste Axel. "J'ai jamais réussi à dormir avec quelqu'un sans le toucher," tu l'imites après avoir déposé ton verre près de ton assiette, pince une frite entre le pouce et l'index et la fourre dans ta bouche. Lui lance un regard amusé et entendu, bien sur qu'elle peut te toucher, tu sais pas trop dans quoi tu t'embarques, mais elle te donne envie de lui laisser sa chance, puis c'est innocent, tu ne fais de tors à personne en fréquentant la belle actrice, n'est-ce pas ? "Tu dors là ce soir, à moins que tu veuilles que j'appelle un taxi ?" tu lui demande quand même, manque d'assurance flagrant, au point de craindre qu'elle ne comprenne ton sous entendu, puis il y a bien cette question épineuse de son métier qui s'avère être un point noir non négligeable, mais que tu refuse d'aborder, la soirée ayant été assez mouvementé pour que tu n'en rajoutes une couche. "Je ne suis pas du genre démonstratif et tactile, mais c'est pas toi, c'est moi qui suis comme ça." un genre de mollusque doté d'une coquille de laquelle tu te sers d'excuse pour mieux te protéger, pas habitué à pouvoir librement jouir de ce dont tu as envie. "Imagine que je disparaisse si tu me touches, tu veux prendre le risque ?" tu essuie le bout de tes doigt sur un torchon à disposition pour finalement lui tendre le plat de ta main.  

Le deuxième (huitième) verre fait du bien. Les assiettes ramenées que vous ne tardez pas à dévorer. Au moins il sourit, quand tu lui demandes si du bout des doigts, t'as quand même le droit de satisfaire tes envies. Il est tellement beau avec son petit sourire que s'en est presque un martyr. Il répond un peu, indirectement, oui, t'annonces aussi que tu dors ici. Et t'espères qu'il le sait, que personne ne dort sur le canapé.

« huh, huh... » Que tu réponds dans l'affirmatif, ta main encore propre qui s'approche pour descendre de son torse à son ventre. La zone que tu viens t'approprier. « J'dors juste là ! » Que tu termines de dire en même temps que tu termines de le caresser, ton assiette sur lequel tu jettes ton dévolu même si c'est que le trois quart du burger que t'arrives à manger. Il t'informe ensuite sur son manque de tacticité, s'imagine même en fantôme si tu venais à le toucher. Un sourire en coin avec la mauvaise idée que ça va lui passer, qu'un jour ton charme l'auras assez empoisonné qu'il ne pourra pas se passer de vouloir te toucher. Même en public, rien que pour montrer qu'il pouvait te posséder. Un jour qui est pas encore, du tout, prêt d'arriver. Il a déjà terminé et après une dernière frite, toi aussi. Attrape son assiette pour aller la déposer dans l'évier, tes restes qui jetés, tes mains sous l'eau nettoyer avant que tu viennes le retrouver. Tes mains qui glissent de nouveau sur son ventre, puis s'enroulent dans son dos. T'en reviens presque pas, d'avoir le droit. Ton regard levé vers lui, l'impression de faire un truc mal, même si tu souris. « Si tu disparais, je t'attache. Compris ? » Que tu plaisantes, te levant sur la pointe des pieds juste pour aller frotter ton nez à sien avant de lui filer d'entre les mains, te rabattant sur ton verre. « Alors, on fait quoi, t'avais fini de monter ? » Que tu questionnes en gambadant jusqu'à retrouver son canapé où tu viens t'affaler pour mieux t'enivrer.

Nez qui se baisse sur la zone qu'elle décide de s'approprier pour la nuit, tu roule des yeux avant de balancer ta tête en arrière en souriant, lâche même un léger rire. "N'y mets pas tout ton poids, j'ai besoin de pouvoir digérer moi." tu lui dis en attrapant brièvement son poignet, phalanges qui se referment dessus doucement avant de le lui rende pour qu'elle puisse se nourrir. A peine t'es-tu débarrassé de ton assiette et as-tu quitté la cuisine qu'elle t'assaille de nouveau, noue ses petits bras blancs autour de toi, ça t'arrache un nouveau sourire. Le bout de son nez qui frotte au tien, tu sens l'envie saisissante de l'embrasser et tu la combat, parce que ce n'est pas une bonne idée, que tes désirs font putain de désordre et que ce n'est putain de pas raisonnable et dieu merci pour toi, elle s'intéresse à son verre, toi t'emporte le tien en te dirigeant vers ton ordinateur pour en éteindre l'écran. Tu tends l'oreille, entends son poids plume envahir le canapé, le prendre d'assaut, menton au dessus de ton épaule tu lui adresse un regard en coin. "Non, je n'ai pas eu le temps de terminer ce que je voulais," tu as bien envie d'ajouter que ce n'est pas important, sauf que ça l'est, qu'il est possible que tu te lèves en pleine nuit pour terminer au moins le montage de ce film-là. Nouvelle gorgée d'alcool qui chauffe ta trachée, te réchauffe le corps et tu tends le bras pour attraper une cigarette dans ton paquet et l'allumer, déambules lentement jusque la première fenêtre qui te vient et l'ouvre grand. Il fait frais à Paris, la pluie est revenue en même temps que l'automne et de l'extérieur entre chez toi un courant d'air frais et humide qui te fait frissonner. "J'ai quelques films à rendre entre la fin de cette semaine et la prochaine," tu dis ça en prenant une bonne bouffée ne nicotine, regard qui s'évade au dehors alors que le foyer de la cancéreuse rougeoie quand un fin filet de fumée s'échappe de tes narines. Une pensée que t'adresse à ton frère. Immédiatement tu te mords la joue, pensif avant d'adresser un nouveau regard à la rouquine. "Je ne vais pas beaucoup dormir ce soir," esquisse d'un sourire contraint, t'essayes de lui faire comprendre que quad l'heure pour elle d'aller au lit viendra, tu resteras à ses côtés le temps que Morphée la cueille puis tu retourneras travailler. Après tout, tu as accepté ce "pas date" précoce pour lui faire plaisir, si tu t'étais fié à ton emploi du temps, vous ne vous seriez pas vus avant au moins deux semaines. "Parle-moi de toi, Arlette." lui demandes-tu distraitement, penché à la fenêtre tu observes la rue au dessous, tu t'évades quelque secondes, t'es là, mais t'es pas là Axel.

C'est mieux comme ça, quand vous flirtez dangereusement avec le désir, dans la légèreté, dans le rire. Deux aimants au pôles inversés, qui s'attirent pour mieux se repoussés. Tant qu'il ne te fait pas le coup de soudainement, encore, flipper, au milieu de la nuit, choisir que c'est pas bien et que tu doives te barrer. Ça tombes bien parce que t'aimes faire durer le plaisir à vous torturer, le sourire en coin, que tu lui renvoies du fond du canapé. Il est trop beau comme ça, trop beau tout le temps, trop beau pour votre bien. Tu sais pas comment les gens font pour passer à côté, Andréa qui raffle la plus haute cote de popularité. Probablement que pour approcher Axel, faut être un enragé. Et sur toi, c'est vachement bien tombé. Même si ça te fais chier, de pas l'avoir rencontré avant, tout aurait été beaucoup moins compliqué et t'aurais rien eu à briser rien que pour avoir la chance de peut-être, éventuellement, le posséder. Plus mortellement beau encore quand il se rabat sur sa cigarette, l'air de Paris dans ses bouclettes que le vent caresse. Cruellement séduisant quand ses lèvres viennent aspirer la fumée et s'y empoisonner, alors qu'il prend des airs tranquille de parisien, ton américain. Annonce que s'il t'offre sa soirée, sa nuit sera passée avec son ordi. L'écran damné jusqu'à ce que ses yeux soient éclatées et qu'au petit matin, il vienne te retrouver. Ton ventre s'y tord, y a cette espèce de naturel entre vous, comme si c'est pas obligé d'être si compliqué quand vous les décidez. Tu finis par te lever, venir le retrouver, l'autre bord de la fenêtre où tu viens te poser, cherchant d'où tu vas te dénuder. Sa cigarette que du bout des doigts, tu viens voler pour en prendre une goulée.

« En fait, je pourrais peut-être t'aider... Avec le montage j'veux dire. » Que tu commences, prend une autre bouffée avant de la lui redonner pour continuer. Deux pierres d'un coup, tu parles de toi quand t'avoues. « J'ai étudié en sonorisation, avant. Tout ce qu'est des mix audios, du montage de bande-sonores et tout, pour la musique. Parce que je voulais faire de la musique. » Voulais, ça fait mal un peu, alors toi aussi, dehors, tu laisses traîner tes yeux. Pas bête l'idée, mais t'as pas non plus envie de t'imposer. « Enfin, c'était juste une idée, j'veux pas te ralentir non plus... » Que t'effaces comme ça, t'as surtout envie d'être assise sur ses cuisses devant l'ordi, d'être quelque chose comme un support moral aussi. Puis t'es pas comme lui, surement que ça t'exciteras à force, de voir tout ça. Comme c'est désormais ton métier de t'exciter ou de feindre que tu l'es. C'est con parce que t'en sais rien, mais t'as l'impression qu'avec lui, t'aurais pas à jouer la comédie, parce que rien que l'idée de sa main pouvant te caresser, ça te fais frissonner. C'est peut-être la brise aussi, la brise des tes putains d'envies. Envie de lui, de vous aussi.

Récupère ta clope du bout des doigts, en prends une bonne bouffée, regard de jade qui se pose sur elle et ça t'intrigue, te demande comment pourrait-elle bien t'aider à faire ce que tu fais, m'enfin ? Tu hoches lentement la tête en te mordant les joues, ingénieure en son, ça peut-être pas mal, regard en biais intéressé alors que tes méninges elles se mettent à fumer sec. Arlette pourrait donc potentiellement être amenée à changer de poste et ce n'est pas pour te déplaire, elle fait bien ce qu'elle veut, mais dans l'optique où vous vous fréquenteriez à l'avenir, sur le long terme ça pourrait effectivement te faire un peu grincer des dents. "Tu chercherais pas là un moyen que je t'invite au restaurant pour te remercier de m'avoir aidé ?" plaisantes-tu en venant écraser ton mégot dans le cendrier sur le rebord de la fenêtre, recrachant une épaisse fumée blanche entre tes lèvres. Bras qui se croisent contre ta poitrine, tu fais glisser ta langue contre tes gencives. "J'irais plus vite tout seul," tu lâches finalement après l'avoir dévisagée un long moment en silence, elle risque de te distraire plus qu'autre chose, puis merde, te fait prendre conscience qu'il faudrait sérieusement penser à engager un ou deux monteurs supplémentaire parce que tu ne t'en sors plus. Tu penses pas encore au fait que tu sera certainement amené à monter ses films à elle, donc, même si tu évites soigneusement les plateaux de tournage, ce qui s'y passe risque de t'arriver en pleine face de toute manière. Bon, à l'heure actuelle tu n'y penses pas tellement, parce que ça ne te dérange pas beaucoup, mais tu y viendra Axel, tu verras. "Pas de caprice, tu es prévenue," que tu dis en venant de nouveau déposer un baiser sur son front avant de l'écarter de la fenêtre pour la refermer. Et tu t'imagines, espèce de sale connard, qu'elle va se laisser border sans rien dire, bien sagement. "J'attends que tu t'endormes et je vais terminer ce pour quoi on me donne un salaire." c'est balancé avec fatalité, platement.

T'es tout sourire quand il t'imagine un plan machiavélique pour que tu l'aides et qu'il t'invite. En fait tu cherchais juste à passer un peu plus de temps avec lui, à rallonger votre nuit, même si tes cernes se creuseront comme Cendrillon, une fois qu'il sera passé minuit. Il prend même l'excuse que tu lui tend à ton... amant ? Tu sais pas, tu sais pas trop ce que vous êtes, ce que vous serez une fois qu'il aura décidé de vous assumer. Il te menace tendre, un baiser su ton front pendant que tu roules des yeux. C'est quoi un caprice, de toute façon ? Il a la frousse que tu ne le laisses plus partir du pieu, le peureux ? Ce serait pas étonnant, de ta part, non. Il te connait pas encore vraiment, mais il sait. Il sait comment il a flanché à te laisser dormir ici, avec lui, la première nuit où t'as insisté. Ton caprice et lui qui a été incapable d'y résister, même s'il a essayé. Il ferme la fenêtre et après son mouvement, tu te fais pas prier pour venir le retrouver, tes bras qui viennent l'entourer, comme s'il était à toi, comme si t'en avais désormais le droit.

« Tu devrais savoir que je fais toujours des caprices. » Que tu plaisantes en rigolant, remontant une main sur son ventre, puis sur son torse à escalader, le rebord de sa chemise sur lequel tes doigts viennent s'accrocher avant que tu ne te plaises à rouspéter.  « On dort déjà ? Pas de netflix sans chill ? Pas rien, t'es cruel, toi, quand c'est pas un date... » Que tu te plains, sa nuque sur laquelle passe ton autre main, simplement pour un peu la tirer. Ses lèvres à attraper dans un baiser, ton ventre qui vient y tourbillonner, le sol qui s'amuse à se dérober quand vos lèvres sont liées. Son corps auquel tu viens te presser, ton souffle qui ne se languit que d'en manquer, ta langue qui de la sienne vient s'imprégner. Chaque fois que tu lui voles un baiser, c'est comme si c'était le premier, parce que ça pourrais très bien être le dernier. Parce que vous vous faites des ouragans tout le temps. Parce que tu veux plus le lâcher et c'est justement, ça, qui est risqué. Parce que s'il peut te faire ça, juste à t'embrasser, quand il te fera tout le reste, tu sais pas, tu sais pas comment tu feras pour ne pas tomber. Il fait bouger des trucs creux, d'enfermés derrière tes os, au simple contact de sa peau. Et tu devrais surement lui en vouloir pour ça, mais il est trop beau. Et tu le veux trop. Un jour surement aussi, tu le détesteras, et ce sera tout aussi fort que ça.