( halloween costume ) Bruit des talons que tu as enfilés qui raisonnent dans la rue pavée bondée de monde, heure avancée de la nuit qui te laisse penser que commander un Uber serait plus sur pour toi que de prendre les transports en commun, le seul hic ? Tu n'as plus de batterie sur ton téléphone portable et tu te doute qu'il n'y a plus un seul métro qui circule à cette heure, alors tu pourrais bien rentrer à pieds, mais tes souliers de verre te brisent la plante des pieds. Tu fais la fière et tente de ne pas boiter afin d'éviter de passer pour une imbécile, mais ton visage on le reconnait et voilà déjà que quelques passants te font des remarques que tu fais mine de ne pas entendre. Viens m'aider à faire décoller mon avion, connasse. et ça s'esclaffe fort, ça sent l'alcool et toi tu roules des yeux jusqu'à ce qu'une âme sorte d'une porte dérobée après l'angle du bâtiment et que ton corps entre en collision avec cette dernière. Tu lèves le nez sur le visage de l'intéressé et souffle un rire las. "J'aimais bien ton manteau de pute, c'est drôle je pensais que tu l'enfilerais cette année." tu lui fais remarquer en esquissant un sourire avant de te pincer les lèvres. Y'a pas d'amertume dans ta voix, ni même de ressentiment. Antik tu le trouve un peu hautain, trop sur de lui, désinvolte et tu t'es monté un tableau de ce qu'il peut être sans jamais avoir chercher à le connaître. Puis les railleries reprennent de plus belle un peu plus bas dans la rue, toi tu jettes un rapide coup d’œil par dessus ton épaule et tu soupire en te mordant les joues. Là tu l'observes un instant, il ne s'est pas déguisé, sans doute qu'il s'estime trop bien pour revêtir un déguisement et s'amuser, s'estime trop bien pour ces conneries. Tes bras qui se croisent contre ta poitrine. "Anto, dis," tu veux pas avoir à faire à lui directement, parce qu'il t'a fait comprendre que toi, t'étais pas de son monde pour une raison qui t'échappe un peu d'ailleurs, mais t'as pas cherché plus loin. Tu veux rien lui devoir, mais tu te sens pas de faire la route à pied juste par fierté au risque de te faire agresser. "Mon téléphone est à plat et je t'avoue que j'ai pas envie de rentrer à pieds," tu te mords la langue, ta requête te brûle littéralement la gueule. "Est-ce que tu peux me commander un uber ?" de nerfs y'a ton talon qui claque en rythme le sol alors que toi tu balaye la rue d'un regard.
D’une porte qui s’ouvre avant de claquer derrière toi, l’espace d’un instant t’as ce besoin de sentir l’air frais caresser ton visage, s’engager dans les quelques mèches que la demi-queue au dessus de ton crâne n’arrive plus à retenir. Longue tige posée entre les lèvres, la flamme du briquet qui l’allume, la longue inspiration que tu prends, t’en avais putain de besoin. De l’extérieur tu peux entendre les faibles battements de la musique sur les murs de la boîte de nuit, nostalgie ? T’es peut-être pas le mec le plus fêtard du monde, t’as perdu le goût des orgies sur la piste de danse depuis plusieurs mois, souvenirs qui s’emparent de ton esprit, le visage dirigé vers le ciel plutôt dégagé. Forcément que t’y penses, même si l’on te rabâche à longueur de journée que tu devrais tourner la page une bonne fois pour toute, que de là où elle est, elle t’observera et qu’importe les choix que tu prendras, elle sera là pour te soutenir. Foutaises, t’as un sourire blasé qui vient se dessiner. Nouvelle taffe, et là franchement c’est de la bonne Marie-Jeanne dont t’aurais besoin et non pas d’une simple dose de nicotine. La voix qui s’élève dans ce semi silence, les billes qui dévient le ciel pour entrer en contact avec… Britney Spears ? Tu fronces les sourcils, moqueur cette fois. « Les grandes occasions seulement. » Simple et efficace, pas de quoi argumenter plus que de raison. Ce manteau de pute, comme elle le dit si bien, souvenir encore et toujours. Blondinette aux cheveux tirés en arrière, ça lui dégage la nuque, ça étire ses yeux en amandes et finalement tu la reconnais. Elle traîne dans les couloirs du studio la fille, tu la croises parfois, sans forcément échanger. Encore une taff’.
« Y’a pas ton avion qui t’attend ? » Non pas pour la tenue qu’elle porte, bon si ok un peu quand même. Ça te fait rire intérieurement. Louise Lefebvre, jeune suissesse que t’as rapidement catalogué comme l’une de ses filles dont les parents fortunés lui ont payé de belles études de droit ou de médecine mais qu’elle a laissé tomber à cause d’un côté pseudo rebelle pour qu’elle se consacre à la musique. Facile ! Tu soupires, te gratte la paupière et même si tes yeux sont posés sur elle et son costume réussi, il faut l’avouer, t’aperçois au loin les regards lourds de ces prédateurs, les mêmes que t’as remarqué quand, quelques nuits auparavant c’est Paul que tu venais chercher. « J’aurai pensé qu’ton carrosse serait venu te chercher à minuit tapante. » Coup de pupilles sur ta montre. « Tu l’as loupé. » Les épaules qui remontent, le soleil ne devrait pas tarder à se lever. Quelques pas que tu fais dans sa direction, veillant à ce que les lourds de derrière ne viennent pas vous déranger, bon tu la portes peut-être pas ton cœur, t’es pas un connard au point de la laisser. « Je vais te ramener. » Tandis que tu retires ton bombers noir dont le logo de ta boîte est plaqué sur le dos. « Mets ça, je veux pas recevoir un arrêt maladie lundi. » Clin d’œil amusé que tu lui offres. « Je comptais partir. » Oui et non, tu voulais t’échapper juste quelques instants mais finalement tu ferais mieux de rentrer, ce genre de soirée, c’est plus pour toi. La paume qui lui indique le chemin à suivre jusqu’à la voiture, tu l’invites à démarrer votre marche.
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